Représentation de kamishibai

Étant donné que le texte est écrit au verso des illustrations, le Kamishibai a impérativement besoin d’un lecteur-interprète. Le lecteur fait face au public pour communiquer le contenu de l’œuvre.

La représentation de Kamishibai

L’utilisation d’un castelet (ou un mini-théâtre, appelé butai en japonais) permet de faire tenir chaque planche séparément et de faciliter la lecture du texte écrit au verso. Le castelet possède trois volets sur le devant.

Le Kamishibai ne peut être accompli qu’en faisant l’objet d’une représentation. On ne peut pas expliquer le Kamishibai sans prendre en compte cet élément. Si l’on s’apprête à donner une représentation de Kamishibai, la manière dont on l’interprète est par conséquent éminemment importante.

• Quand il fait l’objet d’une représentation, le message du Kamishibai est délivré aux enfants par le biais du lecteur. Il faut choisir une œuvre adaptée au temps, à l’espace et à l’occasion, lire le conte à l’avance afin de mieux comprendre son contenu, et exprimer le cœur de l’œuvre.

• Le lecteur doit partager avec le public la jouissance du monde.

• Quand le lecteur fait face naturellement aux enfants, son humanité ressort et les mêmes sensations merveilleuses grandissent dans le public.

C’est uniquement au travers du lecteur que les enfants ressentent l’œuvre et sont émus.

Le castelet (butai)

Le castelet (butai ou mini-théâtre) sépare l’espace du Kamishibai du reste, ce qui augmente la concentration du public sur le Kamishibai. D’autre part, si vous tenez le Kamishibai dans vos mains, il peut bouger et trembler, et affaiblir l’effet primordial du glissement.

Les enfants verront mieux le castelet s’il est posé légèrement plus haut que le niveau des yeux.

Un support de castelet ajustable en hauteur a été produit et commercialisé au Japon. Mais vous pouvez fabriquer votre propre support à la bonne hauteur sous le castelet, et le couvrir avec un tissu noir ou uni.

Utilisez un castelet simple. Les décorations, peintures et lettres peuvent distraire l’attention du public du Kamishibai.

Arrière-plan

Un mur simple est le plus approprié comme arrière-plan au castelet. Si vous vous tenez devant une fenêtre, la lumière provenant de la fenêtre empêchera le public de voir le Kamishibai. Les étagères et autres structures compliquées en arrière-plan peuvent également perturber leur attention. Si un lieu convenable n’est pas disponible, vous devez faire le nécessaire pour changer l’arrière-plan. Par exemple, vous pouvez le recouvrir d’un tissu uni.

Vêtements du lecteur

Le lecteur devrait porter des vêtements qui ne perturbent pas l’attention du public.

Processus de représentation

Répétition : Avant de procéder à la représentation, lisez l’œuvre à l’avance pour vous imprégner de son thème et de niveaux de lecture plus profonds.Puis répétez le déroulement de l’histoire, car le Kamishibai est fait de planches éparses. Si vous mélangez l’ordre, l’histoire devient difficile à suivre, et l’état d’esprit ou kyokan que vous avez construit perd son élan.

Pour commencer : Les trois volets doivent rester fermés lorsque vous insérez les planches du Kamishibai dans le castelet. Vous pouvez ouvrir tranquillement les volets en disant « maintenant, écoutez tous, l’histoire du Kamishibai commence… », etc. Le public commence à se focaliser dessus et savoure à l’avance l’univers du récit qui va s’étendre dans leur propre univers.

Le lecteur se tient près du castelet, face au public. La communication entre eux commence naturellement. Ne vous tenez pas derrière le castelet. Si le public ne peut pas voir les expressions du visage du lecteur ou ne peut pas clairement entendre sa voix, la communication sera gênée.

Dans un premier temps, le lecteur énonce le nom de(s) auteur(s) et le titre du Kamishibai. Ensuite, l’univers du récit prend corps.

La vitalité et la personnalité du lecteur donnent de la profondeur et une large palette de couleurs à l’univers de l’œuvre. N’utilisez pas différentes voix pour les différents personnages. Trop de personnification n’est pas bonne. Vous courez le risque de modifier la signification de l’histoire.

Début du retrait des planches : Le temps que prend au lecteur le retrait d’une planche donne au public un « intermède » qui attire la concentration sur le contenu de l’histoire et favorise la communication.L’« intermède » est extrêmement important.

En regardant la scène que le lecteur est en train de retirer, le public ressent son expansion dans le réel, hors du castelet.

Retirer une planche procure une continuité vers la scène suivante et renforce la concentration du public sur cette scène. Les manières efficaces de retirer les planches aident la scène à entrer dans le monde réel.

Fin du retrait des planches : Étant donné que le lecteur se tient à côté du castelet, le public peut voir entièrement la planche qui vient d’être retirée. L’irruption de la scène dans l’espace réel permet de ressentir que l’univers du récit s’agrandit.

En ce qui concerne la fin du retrait d’une planche, la nouvelle image apparaît dans sa totalité, et l’intérêt du public glisse doucement vers la suite de l’histoire. Le mouvement de bras du lecteur est bien visible lorsqu’il ou elle – se tenant à proximité du castelet – glisse à nouveau la planche dans le castelet. Le public est pleinement conscient du mouvement de bras et du glissement de la planche à l’intérieur.

Lorsque l’on réinsère la planche, un autre « intermède » se crée au moment où l’on laisse l’univers du récit prendre corps dans le monde réel jusqu’à la scène suivante.
Le public se focalise alors sur le contenu de l’œuvre et peut communiquer.

Si le lecteur garde l’illustration précédente dans sa main ou la dispose sans la réinsérer, lorsqu’il lira la suite de l’histoire, le public perdra sa concentration et la communication échouera.

Fin de l’histoire : Prêtez une attention particulière à la manière dont vous finissez une histoire. Dites : « Fin » (ou une expression plus appropriée à votre propre langue) avec assurance. Ceci aidera le public à relâcher sa concentration intense sur l’histoire.

Ne finissez pas en montrant la page de couverture. Cela détourne l’attention de la fin de l’histoire et ramène les spectateurs au début de l’histoire.

Fermez les volets du castelet les uns après les autres. La fermeture des volets ramène l’univers du récit, qui a pris place pendant un moment dans le monde réel, à l’intérieur du castelet.

Différentes façons de retirer une planche

Le texte et les images des plus grandes œuvres de Kamishibaï dépendent grandement de l’efficacité du retrait des planches :

Le retrait pendant la lecture du texte
Le retrait rapide
Le retrait ondulant
Le retrait lent
Le retrait en zigzag
Le retrait partiel

Il y a une grande diversité de formes de retrait des planches.

L’action qui consiste à retirer une planche implique que l’univers du récit va sortir et s’étendre dans l’espace réel.

Utilisez les effets du retrait des planches au maximum !

Deux types de kamishibai

La façon de communiquer dépend du type de Kamishibai que l’on raconte.

– Histoire complète

La structure du récit est complète en elle-même. (Ex. : contes traditionnels, contes de fées, etc.)
La communication entre le lecteur et le public s’établit par l’interprétation du texte, la façon de retirer les planches et par les expressions du visage du lecteur. La communication directe est évitée, mais il est nécessaire pour le lecteur de pleinement comprendre l’univers du récit et de partager ses sensations avec le public.


– Histoire où le public participe

La structure requiert la participation du public afin de faire avancer l’histoire. (Ex. : Le Kamishibai japonais populaire « Gros, plus gros, encore plus gros », etc.)
Le lecteur parle au public et lui montre des gestes afin qu’il puisse participer à l’histoire. Ils communiquent entre eux par les interactions entre les mots et les gestes.

Précaution à prendre :
Pendant l’interaction, le lecteur peut éloigner le public de l’univers du récit. Ce n’est pas recommandé. Il ou elle doit faire sien(ne) la construction de l’histoire et essayer de ne pas donner une interprétation qui détourne le spectateur du récit.

© Traduction française du Bulletin du Kamishibai publié par IKAJA.