20 décembre : le repas du réveillon de Noël
C’est la présence de la famille à la messe de minuit qui rythme les deux temps de repas du soir de Noël. Généralement, on prend une collation légère et maigre (châtaignes, crêpes, beignets, soupe, bouillie…) avant de partir à la messe et un repas plus copieux et gras, en en revenant, connu sous le nom de « réveillon » (dérivé de « réveiller »). Ces réveillons qui se tiennent après la messe de minuit n’ont aucune fonction magique. On trouve sur la table les aliments disponibles à cette époque de l’année. C’est le cas du cochon que l’on tue au mois de décembre ou du canard et de l’oie que l’on vient de mettre en conserve. La dinde ou « coq d’Inde », originaire du Mexique et ramenée d’Amérique au xvie siècle, s’imposera plus tardivement sur les tables de Noël. Les gâteaux de Noël, aux formes et aux goûts variés, différent selon les recettes régionales. A base d’anis, de cannelle, de cardamone ou de fleurs d’oranger, ces biscuits possèdent souvent plusieurs pointes ou cornes pour éloigner les sorciers et les maléfices. Ils participent au décor de la table et de l’arbre de Noël et font partie des présents échangés.
En Provence, il est coutume de faire un « gros souper » qui dure jusqu’à minuit. Il est composé d’aliments maigres et s’accompagne de certains rites, comme celui des trois nappes blanches qui recouvrent la table et représentent pour les uns la Trinité divine, pour les autres les trois fêtes du cycle de Noël (Noël, Jour de l’an, Épiphanie), mais aussi par la tradition des treize desserts. Le nombre de ces desserts est censé rappeler celui du Christ et des douze apôtres. Ils sont plutôt simples et doivent être tous goûtés. On peut y trouver des fruits frais (pommes, poires, raisin), des cédrats confits, de la confiture de coing, des nougats blancs et noirs, du fromage blanc, de la fougasse, des galettes rondes parfumées au fenouil et au cumin, des bugnes frites à l’huile, les quatre mendiants – il s’agit de fruits secs qui rappellent les robes des ordres des moines mendiants : les raisins secs symbolisent les Dominicains ; les amandes, les Carmes ; les figues, les Franciscains ; les noisettes, les Augustins.
Quelques rares superstitions accompagnent ces repas. La nappe utilisée est mise de côté car elle servira pour porter le blé à semer afin qu’il soit plus beau (J.-B. Thiers, xviie siècle, et Périgord, xixe siècle). Dans certaines régions, comme le Poitou ou la Gironde, il ne faut pas se coucher sans faire de réveillon, sous peine de mourir. Dans le comté de Nice, on jette au feu les restes du repas pour ne pas avoir à venir les rechercher après sa mort. (Dictionnaire de la France mystérieuse)