18 décembre : la magie du feu de la bûche de Noël
On ne doit pas la profaner la bûche de Noël, en s’asseyant dessus par exemple. Dans la plupart des régions, la crainte de la malédiction est remplacée par celle des furoncles, plus rarement de la gale. En Dordogne, on ne pourra se guérir qu’en passant neuf fois sur une ronce à deux racines.
Lorsque la bûche brûle, les étincelles qui s’en échappent sont dotées de propriétés magiques liées à l’abondance des récoltes et des bêtes. En Côte-d’Or, l’aïeul frappe sur la bûche incandescente pour en faire jaillir des étincelles, en disant : « Bonne année, bonne récolte, autant de gerbe que de gerbillons. » Dans l’Yonne, plus on sort d’étincelles, plus les blés auront de grains, et en Auvergne : « Autant de setiers de blé, autant de tombereaux de raves [que d’étincelles]. » Dans le Berry, on mesure les futures récoltes au nombre d’étincelles produites. On frappe la bûche avec une pelle pour chaque espèce de céréale et chaque flammèche représente un boisseau. On produit aussi des étincelles pour obtenir de bonnes couvées : « Autant de poulets que d’étincelles », dit-on dans le Périgord ; en Ariège, leur abondance prédit un mariage. Les étincelles sont également censées ne brûler ni les choses, ni les gens. En Provence, on explique que, pour les Provençaux, les charbons, même ardents, sont incapables de brûler la nappe de Noël. »
Le feu ne doit pas s’éteindre tout seul car cela porte malheur. On prétend qu’il sert à chauffer les anges que seuls les animaux de la ferme peuvent voir ou la Vierge. Celle-ci vient s’y peigner et on lui prépare une chaise devant l’âtre (Charente-Maritime, Ardennes) ; elle est parfois accompagnée de son nouveau-né (Morbihan) et on lui laisse une serviette pour le laver (Touraine). Le foyer doit être propre pour l’accueillir ; c’est pourquoi il est balayé avant le départ à la messe de minuit (Côte-d’Or).
Durant la nuit de Noël, les morts de la famille viennent aussi se chauffer près de l’âtre. En Auvergne, c’est quand tout le monde est parti à la messe de minuit que viennent s’y rassembler les âmes des ancêtres.